L’approche bienveillante en césarienne est une démarche où tout est mis en œuvre pour limiter le traumatisme lié à l’accouchement-naissance par césarienne et favoriser la rencontre entre la mère et son bébé. De cette philosophie découle une césarienne dite bienveillante permettant une autonomie rapide de la patiente et répondant au plus près des besoins émotionnels et physiologiques du couple mère-nouveau-né. Elle repose sur 3 éléments : une technique innovante de césarienne dite technique FAUCS, la poussée maternelle active avec souffleur, et la mise en place du peau-à-peau précoce au bloc opératoire en présence du papa.
Qu’est-ce que la FAUCS (prononcer « fox ») ?
La FAUCS pour « « French AmbUlatory Cesarean Section » est une technique de césarienne née en France et mise au point par le Docteur Denis Fauck. Basée sur une diminution des doses anesthésiques et une chirurgie moins invasive, cette technique permet une autonomie précoce des patientes pour s’occuper de leur bébé après leur césarienne. Encore largement méconnue du grand public et des médecins, elle est aujourd’hui pratiquée dans quelques cliniques privées (voir la liste des médecins pratiquant cette technique sur le site www.cesarienneextraperitoneale.fr). Arrivée à maturité, la procédure fait depuis peu l’objet de formations nationales et internationales (Paris, Tel Aviv, Tunis).
Quelles sont les spécificités de la technique FAUCS ?
En premier lieu, comme la technique de césarienne est moins douloureuse, les doses anesthésiques administrées en début d’intervention sont très inférieures à celles qui sont administrées pour la césarienne classique. L’anesthésie, qui intéresse la région située sous le nombril jusqu’au orteils (rachianesthésie) est aussi de courte durée. Il en résulte pour la patiente la possibilité de se lever et marcher au bout de 2-3 heures, d’uriner normalement sans sonde dans la vessie, ainsi que s’alimenter ou se doucher dès que l’envie s’en fait sentir.
Sur le plan chirurgical, comme pour toute césarienne moderne, la peau est incisée au niveau du bas ventre juste au-dessus du pubis de manière horizontale sur 9-10 cm. Ensuite, la technique devient très différente de la césarienne classique. En premier lieu, le chirurgien obstétricien réalise une incision verticale de l’aponévrose des grands droits (membrane très résistante – sorte de gaine naturelle des muscles abdominaux) dans le sens des fibres musculaires alors que dans la césarienne classique cette membrane est incisée horizontalement. Ensuite, les muscles sont écartés manuellement. Enfin, le péritoine (membrane souple contenant et protégeant les intestins) est contourné pour accéder à l’utérus. En évitant de l’ouvrir, les organes sont à l’abri de toutes blessures éventuelles et d’une irritation liée au déversement du sang et du liquide amniotique. L’enfant est sorti par une petite incision de l’utérus qui est refermée par une bourse (comme en chirurgie cardiaque) permettant une meilleure rétractation de la cicatrice de l’utérus. La fermeture de la peau est réalisée à l’aide d’une colle qui permet une étanchéité aux infections, un résultat esthétique optimal et évite l’ablation contraignante de fils ou d’agrafes.
Comment la patiente peut-elle pousser activement en césarienne ?
En général, la patiente qui a une césarienne ne peut pas fournir des efforts expulsifs efficaces pour faire naître son bébé comme lors d’un accouchement par voie naturelle et ce pour 2 raisons. La première est liée à l’anesthésie loco-régionale (rachianesthésie ou péridurale selon le cas, l’anesthésie générale étant devenue exceptionnelle) : la patiente ne sentant absolument pas les muscles de son abdomen et n’étant pas entrainée à les utiliser sans les sentir, elle semble « paralysée » à ce niveau. La seconde raison est liée au fait que les césariennes sont souvent programmées et réalisées en dehors de toute contraction de travail. Sans contraction, pas de poussée spontanée du bébé vers la sortie. C’est pourquoi, habituellement, afin de faire sortir le bébé, l’aide du chirurgien obstétricien qui réalise la césarienne est obligé d’appuyer vigoureusement sur le haut du ventre de la patiente pour pousser le bébé à l’extérieur. On appelle ce geste l’expression abdominale. Ce geste était aussi avant souvent utilisé lors des accouchements par voie naturelle. Il est maintenant proscrit du fait de sa violence. Aujourd’hui grâce à l’invention d’un kinésithérapeute français, et l’idée géniale du Dr Bénédicte Simon, on peut se passer de l’expression abdominale en césarienne et permettre aux patientes d’être actrices à part entière de la venue au monde de leur bébé. Ainsi, Luc Guillarme a mis au point un petit embout en plastique, appelé le « Souffleur » qui est utilisé pour la rééducation abdomino périnéale. Le principe est le suivant : en créant un obstacle à l’exsufflation de la patiente tout en assurant un souffle linéaire, la patiente peut apprendre à contrôler efficacement son diaphragme, ses muscles abdominaux et son périnée. Utilisé lors d’un accouchement par césarienne, cela permet à la patiente de fournir une poussée progressive et répétée comme lors d’un accouchement par voie vaginale. Une étude débutée fin 2017 à la Maternité de la polyclinique Santa Maria à Nice montre déjà sur les 20 premières patientes ayant utilisé le Souffleur Guillarme, un taux de satisfaction très élevé lié notamment à un usage très simple et leur participation active à l’expulsion de leur bébé.
Qu’est-ce que le peau-à-peau précoce ?
Le peau-à-peau précoce consiste à placer immédiatement dès sa naissance le bébé nu sur la peau de sa mère et de le laisser ainsi le plus longtemps possible. Cela permet de respecter les besoins physiologiques et émotionnels des nouveaux nés et de leur mère. L’environnement du bloc opératoire doit être adapté pour le réaliser en sécurité mais le jeu en vaut la chandelle tant les vertus du peau-à-peau sont nombreuses :
- La respiration: Les études montrent que la respiration du nouveau-né se met en place plus facilement quand il est placé en peau-à-peau plutôt que séparé de sa mère.
- La création du lien: juste après la naissance, la plupart des bébés sont éveillés, voient bien et ont, toujours selon les études, une préférence visuelle : ils veulent voir un visage. « Autant que ce soit celui de leur mère ! ». Par ailleurs, la mise en peau-à-peau fait augmenter le taux naturel d’ocytocine sécrétée par la mère. Cette hormone a la faculté de favoriser l’attachement mère-enfant.
- La couveuse naturelle : le nouveau-né a besoin de chaleur immédiatement après sa naissance. Il est démontré que sa température est aussi bien maintenue en peau-à-peau que placé dans une couveuse.
La présence du papa
Aujourd’hui, seul un tiers des maternités françaises proposent au père d’assister à la césarienne alors que l’immense majorité des patientes souhaitent que leur compagnon soit à leur côté pour accueillir leur bébé. En aménageant la présence du père au bloc, l’équipe permet à la patiente d’être rassurée, épaulée et accompagnée par la personne intime avec qui elles ont partagé toute l’aventure de la grossesse. Lorsqu’il naît le bébé est accueilli par ses deux parents. Cette démarche participe au bien-être psychologique et émotionnel des trois.
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